
Et si la City rebondissait grâce à la banque de l’ombre ?
Suite aux déménagements de l’Autorité bancaire européenne et de nombreuses autres banques, Londres va pouvoir développer une place dérégulée où la spéculation et les fintechs pourront triompher, avec pour une risque, une nouvelle crise financière, explique au “Monde” l’avocat Frédéric Peltier dans une tribune. C’est sans rappelé, le choc de la crise des subprimes qui avait frappé de plein fouet la City qui avait vue ses effectifs baisser de plus de 12%, les banques avaient dû être alors nationalisées pour des coûts énormes. Le rapatriement de l’Autorité bancaire européenne de Londres à Paris, est un dommage collatéral du Brexit pour les Anglais. Assurément, il est mis fin à la situation originale où l’un des berceaux de la régulation et de la supervision bancaires, place forte de l’union bancaire, ne se trouvait pas dans la zone euro. Le Financial Services Act de 2012 expliquait que la régulation bancaire devait être homogène avec la politique monétaire : chacun devait alors diriger ses banques, et celles de la City devaient fonctionner avec la livre sterling, sous la direction de la Banque d’Angleterre.
Avant le Brexit
Avec l’adoption de cette vision nationaliste de la stabilité financière, symbolisées entre autre par la reprise en main des compagnies bancaires par la Banque d’Angleterre et la disparition de la Financial Services Authority au cour de l’année 2013, cette prise de position était déjà annonciatrice du Brexit. Aussi, tout comme il n’a jamais accepté de payer pour les agriculteurs européens, le Royaume-Uni refusait l’idée d’envisager de payer dans le cadre d’une solidarité bancaire au sein même de l’Union Européenne. Et puis, à quoi ça sert de garder la livre sterling s’il fallait aider la zone euro à cause de la faiblesse de son système bancaire? Le choix était clair : chacun devait faire la police bancaire sur sa propre place financière. De surcroît, le véritable enjeu était de garder la City indépendante et attrayante et donc cela implique de moins régulé sur certains sujets, la où les Anglais se considèrent bien supérieur, comme la libéralisation des rémunérations par exemple. Pour illustrer ceci, on peut citer la contestation du plafonnement des bonus par le gouvernement de David Cameron en face de la Cour de justice de l’Union Européenne par exemple.
Nous avons donc fort à parier que la City va essayer de développer une finance nouvelle, en mettant l’accent sur la spéculation et les nouvelles entreprises qui allient technologie et finance : les fintechs. Et qui entrera en concurrence direct avec les banques régulées qui sont repliées sur le continent européen et qui sont respectueuses d’une réglementation prudentielle tempérante.